Ode à l’enfance

De docteure en neuropsychologie à créatrice textile : une reconversion surprenante mais pourtant évidente aux yeux de Nastasya Honoré. Professionnellement en quête de sens, cette maman de quatre enfants a lancé Histoire Sauvage, une marque de vêtements pour enfants qui se veut durable et dont les pièces sont exclusivement conçues en lin. Immersion dans son atelier genappois.

 Histoire sauvage est un concept naissant. Comment a-t-il vu le jour ?

« C’est mon parcours professionnel lui-même qui m’a doucement amenée vers la transition que j’ai effectuée. Neuropsychologue de formation, j’ai d’abord travaillé en tant qu’indépendante, pendant deux ans, avec des enfants présentant des troubles de l’apprentissage. J’ai ensuite bifurqué vers la recherche en psychologie en effectuant un doctorat et un post-doctorat. Un jour, en suivant une formation sur l’intelligence émotionnelle, j’ai découvert le concept d’Ikigai. Il s’agit d’une philosophie japonaise du bonheur, qui fait référence à notre raison d’être, de se lever le matin. Elle aide à trouver sa vocation, à l’intersection entre ce que l’on aime faire, ce pour quoi on a du talent, ce dont le monde a besoin et ce pour quoi on peut être payé. Mon contrat à l’université arrivait à sa fin et je savais que je voulais quitter la recherche car je trouvais l’esprit très compétitif et le statut trop précaire. Grâce à l’Ikigai, j’ai compris que j’avais envie de lancer ma propre marque de vêtements  et que tous les éléments étaient réunis pour en faire mon activité professionnelle. J’ai donc commencé par proposer à la vente deux modèles, ceux que j’avais le plus souvent réalisés pour mes propres filles, en les cousant moi-même. J’ai ensuite délégué la confection mais je réalise toujours les prototypes moi-même. »

Expliquez-nous la façon dont vous conciliez mode enfantine et durabilité…

« Les vêtements Histoire Sauvage sont imaginés pour être confortables et pratiques – ils sont faciles à enfiler, permettant ainsi aux enfants de les porter même les jours de gym ou de piscine – sans négliger le côté esthétique. Ils sont conçus pour être portés le plus longtemps possible grâce à leur coupe simple et ample, leurs coloris neutres et doux pouvant se marier avec toute garde-robe existante. La plupart des modèles peuvent être portés deux ou trois saisons d’affilée. Les jupes sont longues la première saison et deviennent plus courtes avec le temps, les ourlets des manches et pantalons se défont. Par ailleurs, je ne travaille pas avec des collections pour éviter qu’un modèle créé ne devienne obsolète quelques mois plus tard seulement. Les modèles qui fonctionnent bien et qui plaisent continuent d’exister, ceux qui ne rencontrent pas le succès attendu disparaissent. Les vêtements sont également pensés pour être intemporels. La plupart peuvent être mis été comme hiver, en adaptant simplement la manière de les porter - avec des collants et un col roulé en hiver, jambes nues et avec un t-shirt en été. Enfin, je souhaite offrir une deuxième vie aux pièces Histoire Sauvage qui ne sont plus portées pour honorer le travail qu’elles représentent. Je propose donc de reprendre le vêtement contre un bon d’achat dont la valeur dépend de l’état du vêtement. »

Pourquoi avoir opté pour le lin comme matière première pour les tenues que vous créez ?

« Comme je souhaitais lancer une marque de vêtements qui soit la plus responsable possible - tant sur le plan humain qu’environnemental -, choisir une matière naturelle et traçable était une évidence. Les informations de traçabilité sont pratiquement impossibles à connaitre pour le coton par exemple et, lorsqu’elles sont connues, on réalise que la distance parcourue par le tissu avant d’atterrir dans un atelier de confection est énorme. J’ai choisi un lin estampillé Masters of Linen, produit en Europe. J’ai toujours aimé cette matière légère et ma maman est bénévole depuis des années pour une association qui donne du travail à des femmes en République Démocratique du Congo en les faisant coudre et broder du linge de maison en lin belge. Cette fibre fait en quelque sorte partie de ma vie et je me suis donc très vite tournée vers celle-ci. Elle offre une multitude d’avantages : il s’agit d’une plante locale qui ne génère aucun déchet puisque chaque partie qui la compose peut être valorisée, sa production ne requiert pas d’irrigation - la pluie de nos régions lui suffit - et que peu, voire pas du tout de pesticide. Elle a aussi des propriétés antiallergique et antibactérienne et est très résistante, ce qui permet de créer des vêtements qualitatifs et durables. »

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